
Miami, Floride – Ce qui devait être un moment de pure célébration a tourné à la controverse lors de la dernière soirée du Festival Kompa, l’un des événements les plus emblématiques de la culture haïtienne à l’étranger. Prévu pour clore le festival en beauté, le célèbre groupe T-Vice a vu sa prestation brutalement interrompue, provoquant la colère de son leader, Roberto Martino, et l’indignation du public.
Fondé au début des années 2000 par l’entrepreneur Rodney Noël, le Festival Kompa est devenu au fil des ans une véritable vitrine de la musique haïtienne en diaspora, en particulier du kompa dirèk, ce rythme emblématique qui fait vibrer les cœurs et les hanches depuis les années 1950. Chaque été à Miami, des milliers de festivaliers — venus d’Haïti, des États-Unis, du Canada et d’ailleurs — s’y donnent rendez-vous pour célébrer cette musique qui incarne à la fois la joie, la résilience et l’âme du peuple haïtien.
Mais cette année, un incident inattendu est venu ternir la clôture du festival. Alors que T-Vice, groupe mythique reconnu pour ses performances survoltées et sa capacité à électriser les foules, montait en puissance sur scène, les organisateurs ont abruptement demandé à Roberto Martino de mettre fin au spectacle.
Déconcerté et visiblement furieux, le chanteur-guitariste a exprimé sa colère publiquement, allant jusqu’à jeter son micro au sol sous les yeux d’un public médusé mais solidaire. « T-Vice ! T-Vice ! T-Vice ! », scandaient les fans en chœur, refusant de voir leur groupe favori écarté.
L’incident a immédiatement déclenché une vague de critiques sur les réseaux sociaux et dans les médias haïtiens. Rodney Noël, fondateur et principal organisateur du festival, est pointé du doigt pour ce que plusieurs qualifient de « mauvaise gestion de la programmation ».
Pour beaucoup, ce festival n’est pas seulement un divertissement : c’est une célébration identitaire, une manière de maintenir vivant l’héritage culturel haïtien à l’étranger. Le choix des artistes, l’ordre de passage, et le respect des légendes du genre comme T-Vice ne devraient pas être pris à la légère.
Jusqu’à présent, Roberto Martino n’a pas publié de déclaration officielle, mais son geste sur scène et son silence en disent long sur son ressentiment.
Alors que les débats continuent d’enfler, une question demeure : le Festival Kompa pourra-t-il retrouver l’équilibre entre modernité et tradition, entre ouverture musicale et fidélité à ses racines ? Car au-delà de la polémique, c’est l’avenir même de cette grande célébration de la culture haïtienne qui est en jeu.